Lettre aux Elus
Quimperlé, le 18 Mars 2009
Lettre aux Elus Politiques
Objet : L’Utilisation des machines dangereuses dans les Instituts Médico-Educatifs (I.M.E.)
Madame, Monsieur,
Suite à l’arrêté du 30 mai 2008, nous souhaitons attirer votre attention sur l’interdiction de l’utilisation de machines dangereuses par des jeunes en situation de handicap accueillis en Instituts Médico-Educatifs (I.M.E.).
Aujourd’hui toute dérogation à cette utilisation est invalidée, au motif que leur formation professionnelle ne s’inscrit pas dans une formation qualifiante, (obtention d’un examen reconnu). Or, du fait de leurs difficultés, très peu de ces élèves auront la possibilité d’accéder à un CAP ou un BEP.
Jusqu’à présent cette dérogation permettait de leur offrir la possibilité d’utiliser divers outils professionnels par le biais de l’atelier d’enseignement technique. Pour ce public, en situation d’échec scolaire, le travail aux machines leur ouvrait d’autres perspectives d’acquisitions et les valorisait. Il convient de préciser que l’utilisation des outils est encadrée en permanence par un professionnel reconnu (Educateur Technique Spécialisé). En effet cette utilisation était autorisée après avis de l’inspecteur du travail, du médecin psychiatre ou généraliste de l’établissement, de l’éducateur technique référent et du responsable éducatif. Outre l’acquisition de compétences, les jeunes bénéficiaient d’un accompagnement nécessaire à leur insertion professionnelle et sociale, assuré par toute l’équipe éducative.
Ces jeunes sont pour leur grande majorité orientés vers des structures de travail protégé. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’entrée en E.S.A.T. (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) requiert une formation technique, que nous étions en mesure de leur apporter.
Les jeunes et leurs familles
réagissent déjà et ne comprennent pas pourquoi un frein est apporté à leur
intégration sociale et professionnelle. Ils le vivent comme une discrimination.
Si nos établissements ne peuvent plus répondre à cette mission essentielle,
quel avenir réservons-nous aux jeunes adultes en situation de handicap? Sans
formation professionnelle nous réduisons l’espoir et les chances de leur
intégration dans notre société.
Les jeunes ne comprennent pas un tel changement et les réactions sont multiples au sein des établissements :
· « Comment accéder à l’autonomie si on ne peut plus rien
utiliser ! »
· « Déjà que nous n’avons pas beaucoup de choix de
métier et qu’on ne peut pas faire comme les autres, aujourd’hui ils s’attaquent
à notre âge et nous réduisent notre temps et les qualités de notre
apprentissage » (Tiffany 18 ans)
· « Avec cette loi, je ne pourrai plus aller en CFA » ( Franck
15 ans)
· « Je ne peux plus travailler aux
machines, comment je vais faire mes stages ? » (Grégory 16 ans)
· « J’ai encore 3 ans à apprendre ça va être long sans utiliser les
machines ! » ( Audrey 15 ans)
· « Le
temps d’apprentissage dépend aussi du niveau des jeunes . Alors comment
vont faire les plus faibles ? »
( Christelle 17 ans)
Pour
les jeunes, la connaissance prend racine et consistance dans le concret
(utilisation des machines), réel facteur de progrès dans le domaine des
apprentissages.
De plus, les stages permettent
une approche en douceur du milieu socio professionnel, notamment pour
certains en dédramatisant la sortie de
l’IME.
On peut donc se demander quel
sera l’intérêt d’intégrer un élève en stage s’il n’a pas reçu la formation
suffisante ? En diminuant le temps de pratique professionnelle des jeunes,
ils ne pourront plus être évalués sur
leurs capacités et savoir-faire technique en situation de travail. Les
missions principales de ce type de structure (adaptabilité et employabilité des
jeunes) sont aujourd’hui nettement menacées !
En conséquence, ce sont les missions des IME qui sont remises en cause, au premier rang desquelles, la promotion, l’autonomie de la personne en situation de handicap et la valorisation de son travail (loi du 11 février 2005).
C’est pourquoi aujourd’hui nous vous interpellons, afin de remettre en question un texte qui restreint fortement les perspectives d’apprentissage professionnel de jeunes qui bénéficient d’une orientation en établissement spécialisé.
Nous ne pouvons que nous
interroger sur ce qu’apporte ce texte en matière d’égalité des chances et de
solidarité.
Vous remerciant de l’attention que vous accorderez à ce courrier et de bien vouloir intervenir auprès des instances parlementaires.
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos respectueuses salutations.
L’ensemble de l’équipe éducative de
L’I.M.E. François Huon de Quimperlé.
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